lundi 18 octobre 2010

Basquiat : The Radiant Child, de Tamra Davis & Les rêves dansants, Sur les pas de Pina Bausch, de Anne Linsel et Rainer Hoffmann

Se souvenir de ça : ne plus aller voir de documentaires sur un artiste mort.
Car que documentent-ils, si ce n'est le deuil des quelques personnes l'ayant côtoyé.
Dans ces documentaires, il n'est jamais question de travail ni d'art.
Et s'il en est question, le propos est nécessairement biaisé : les gens qu'on entend parler d'art ne parlent que de leur chagrin, ne font que donner leur avis (parfois digne, parfois pas - la dignité semble aléatoire) sur la vie d'un autre qu'eux-mêmes. Basquiat se droguait, bon. Il était malheureux, d'accord. Il voulait que son papa soit fier de lui, soit. Il avait peut-être aimé cette fille, allons-y. Et puis peut-être pas, ça alors! Les accumulations de témoignages ne font pas une vie : elles font du ragot post-mortem. De l'hagio-ragot, en quelque sorte.
Il faudrait faire un documentaire sur Basquiat à partir de témoignages de gens qui ne l'ont pas connu.

Les rêves dansants voudraient être d'une autre trempe. Mais les réalisateurs, plutôt que de filmer ce qu'est une répétition, s'éparpillent en commentaires nauséeux de jeunes gens qui découvrent à quel point Pina Bausch est en fait une personne très sympa.
C'est charmant, mais ça ne va pas plus loin que Fame ou Un dos tres. C'est une success story comme il en existe déjà beaucoup, qui esquive encore ce qui relève de l'art et du travail dont il s'agit. A croire que ça n'intéresse personne. Le seul à avoir véritablement travaillé cette question, c'est Victor Erice et son Songe de la lumière.
Les quelques apparitions de Pina Bausch font regretter un documentaire jamais fait (à ma connaissance - si quelqu'un connaît quelque chose de cet ordre, qu'il se signale).

5 commentaires:

asketoner a dit…

On me signale le documentaire de 1982 de Chantal Akerman, Un jour Pina a demandé.

D&D a dit…

Bonjour,
J'ai le souvenir également d'une répétition filmée du "Sacre du printemps", il y a une quinzaine d'années il me semble.
J'ignore si le film de Wenders aura aura une dimension documentaire...

asketoner a dit…

Merci pour votre commentaire. Je ne savais pas que Wenders préparait un film sur Pina Bausch. En 3D d'ailleurs. Wenders, c'est quand même un mauvais film sur deux, donc je crains le pire (voir quatre sur cinq depuis quelques années). Il semble que la première partie ait été tourné avec la chorégraphe, et que la deuxième soit une sorte d'hommage rendu par ses danseurs.

Ornelune a dit…

J'y suis allé sans rien connaître de Bausch ni du film, seulement attiré par la danse, l'énergie suggérée par l'affiche et quelques images vues ici où là. J'avais même entendu critiquer le spectacle Kontakthof (répétitif, lassant).

Et je me suis régalé ! D'abord ces corps adolescents au travail. Puis les documentaristes ont la bonne idée d'insuffler une âme à ces corps (les entretiens avec ces jeunes, leurs problèmes familiaux, leurs craintes ou leur enthousiasme...). Paraissant après la mort de la chorégraphe, ce que dit le film sur la transmission gagne en force et devient pour cela touchant.

Maintenant, je souhaiterais en savoir davantage puisque le spectacle est partiellement autobiographique. Et le voir !

asketoner a dit…

Il y a beaucoup de ses chorégraphies qui ont été filmées, et que vous trouverez dans des médiathèques. Elle a aussi réalisé un film. Je ne sais pas ce qu'il vaut.