Le 12 mai 2008 dans le Sichuan, il y a eu un tremblement de terre. De nombreux morts, des villes entièrement détruites, et les habitants qui organisaient des campements pour survivre. Du Haibin est venu les filmer quelques jours après la catastrophe, et puis il est revenu, 210 jours plus tard, pour la visite du Premier Ministre qui avait promis de reloger tout le monde.
Le problème de ce documentaire est le temps. Du Haibin n'a peut-être pas pu passer suffisamment de temps avec les survivants pour filmer leur intimité. Souvent les témoignages se limitent aux discours attendus. Et quand il y a des larmes, il y a une sorte de gêne qui s'installe chez le spectateur : qui sommes-nous pour les regarder pleurer ? Nous n'avons pu nous attacher à aucun. Dans la foule, nous ne reconnaissons personne. On est loin du travail de Wang Bing dans A l'ouest des rails. L'intimité se conquiert, je crois, avec plus de rigueur, plus de patience, et plus de choix.
Car dans 1428, ce qui est frappant, c'est la multitude. Multitude de visages, de témoignages, de corps, de tentes, de décombres, de voix. Toute tentative de percée dans cette multitude semble légèrement obscène. Malgré cela, il y a quelques séquences très fortes, notamment avec les cochons qu'on essaie d'attraper et qui hurlent, ou avec ces mariés qui arrivent devant la porte de leur chambre nuptiale et qui s'aperçoivent qu'elle est fermée (le marié repose à terre son épouse qui défonce la porte à coups de pieds) - ou encore avec ce petit groupe de résistants non logés, qui vivent encore dans un abri 210 jours après le séisme malgré l'interdiction des autorités, et qui crient que le premier ministre devrait venir manger avec eux - ou enfin ces personnes relogées, réunies devant une télévision pour regarder le discours du premier ministre, lequel est interrompu par une coupure de courant. Il y a comme ça quelques moments qui émergent.
Mais l'idée la plus juste du film réside dans une figure. Pendant la première heure, on verra passer, dans quelques plans, un homme au visage plein de suie, pieds nus, en shorts, dans un grand manteau déchiré. L'homme regardera la caméra, sourira parfois, parfois sera distrait par tout autre chose, mais ne dira jamais rien. Il semble atteint de démence - son visage est si étrange qu'on se demande si c'est un acteur. Et puis on le suivra, on verra où il vit, on finira par rencontrer son père et par entendre son histoire. Cet homme étrange est le point autour duquel le film gravite et s'ordonne. C'est en lui qu'il trouve sa justesse et sa force. Sans lui, le film ne tiendrait pas, pourrait se déliter, tomber en morceaux. Ca ne tient pas à grand chose, un film.
Le problème de ce documentaire est le temps. Du Haibin n'a peut-être pas pu passer suffisamment de temps avec les survivants pour filmer leur intimité. Souvent les témoignages se limitent aux discours attendus. Et quand il y a des larmes, il y a une sorte de gêne qui s'installe chez le spectateur : qui sommes-nous pour les regarder pleurer ? Nous n'avons pu nous attacher à aucun. Dans la foule, nous ne reconnaissons personne. On est loin du travail de Wang Bing dans A l'ouest des rails. L'intimité se conquiert, je crois, avec plus de rigueur, plus de patience, et plus de choix.
Car dans 1428, ce qui est frappant, c'est la multitude. Multitude de visages, de témoignages, de corps, de tentes, de décombres, de voix. Toute tentative de percée dans cette multitude semble légèrement obscène. Malgré cela, il y a quelques séquences très fortes, notamment avec les cochons qu'on essaie d'attraper et qui hurlent, ou avec ces mariés qui arrivent devant la porte de leur chambre nuptiale et qui s'aperçoivent qu'elle est fermée (le marié repose à terre son épouse qui défonce la porte à coups de pieds) - ou encore avec ce petit groupe de résistants non logés, qui vivent encore dans un abri 210 jours après le séisme malgré l'interdiction des autorités, et qui crient que le premier ministre devrait venir manger avec eux - ou enfin ces personnes relogées, réunies devant une télévision pour regarder le discours du premier ministre, lequel est interrompu par une coupure de courant. Il y a comme ça quelques moments qui émergent.
Mais l'idée la plus juste du film réside dans une figure. Pendant la première heure, on verra passer, dans quelques plans, un homme au visage plein de suie, pieds nus, en shorts, dans un grand manteau déchiré. L'homme regardera la caméra, sourira parfois, parfois sera distrait par tout autre chose, mais ne dira jamais rien. Il semble atteint de démence - son visage est si étrange qu'on se demande si c'est un acteur. Et puis on le suivra, on verra où il vit, on finira par rencontrer son père et par entendre son histoire. Cet homme étrange est le point autour duquel le film gravite et s'ordonne. C'est en lui qu'il trouve sa justesse et sa force. Sans lui, le film ne tiendrait pas, pourrait se déliter, tomber en morceaux. Ca ne tient pas à grand chose, un film.
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