Il n'y a rien de tel, pour saisir le glauque d'une société, que de prendre le point de vue de l'hôpital. Pire : de l'ambulancier. C'est ce que fait Pablo Trapero dans ce film. Et il ajoute à cela : assurances, mafia, police. Autant dire que le tableau est complet.
Carancho aligne les faits à sa façon brutale - brutale mais organisée. Le scénario est très finement tissé. L'immersion est progressive. On commence par une horreur, et on la voit se déployer, se ramifier pendant deux heures, jusqu'à ce qu'elle devienne un réseau assez complexe de pourriture et de corruption gangrénant chaque personnage jusqu'à la moelle de l'os. Nulle issue, donc, si ce n'est celle d'un deus ex machina final à première vue un peu lourd. En vérité, ce qui est en jeu dans cette dernière scène choc, c'est l'ironie. Le cinéaste introduit dans l'implacable l'ironie et sa force peu salutaire, mais cinglante. Le problème, c'est qu'on est là en pleine fiction, on est au cinéma, on le sait : aussi, cette fin, où le réel et le hasard qui l'anime interviennent, semble plus fabriquée encore que les faux coups du sort auxquels elle fait un pied de nez.
Ce qui m'a le plus intéressé, outre l'épaisse noirceur intransigeante du récit, c'est l'histoire d'amour. Il y a des moments entre les deux comédiens qui échappent à toute écriture, où quelque chose de leur intimité déborde de leur jeu et éclate à l'écran. C'est eux, c'est leur couple qui donne au film une véritable intensité.
vendredi 4 février 2011
Carancho - Pablo Trapero
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