samedi 26 février 2011

Propriété interdite - Hélène Angel

Il n'y a pas, à ma connaissance, de film français s'attaquant aussi précisément à la politique actuelle. Hélène Angel a assimilé tous les codes de la droite au pouvoir pour en faire une fiction : en l'occurrence, un film d'horreur (quoi d'autre ?). Sa force réside dans la modification progressive de l'objet d’épouvante : d'abord, le fantôme d'un frère suicidé ; ensuite, un sans-papier ; enfin, la droite, la pensée de droite, les gens de droite, les comportements de droite. La droite devient l'effroi ultime du personnage principal, qui n'a alors plus qu'une solution pour en finir (car pas question de jouer aux victimes) : tirer dans le tas.
Le film s'effondrerait sous ses bonnes intentions si le sans-papier était un ange, mais ça n'est pas le cas - Hélène Angel est plus maline que ça. Le sans-papier n'est rien de plus qu'un homme, et si l'héroïne prend parti pour lui, c'est pour des raisons qui n'ont rien d'humaniste.
Le film pêche un peu par sa rapidité d'exécution. On ne croit pas à ce couple, on ne sent pas entre eux le souvenir collant de ce qui les a unis. Le film voudrait nous imposer la facticité d'un couple bourgeois banal, mais l'héroïne est tout sauf une bourgeoise, alors quelque chose là ne fonctionne pas.
Mais c'est peu, tant le plaisir est grand à voir une Rolex devenir un rouage scénaristique aux significations décuplées - tant les signes d'aujourd'hui sont ici repris et échangés, déplacés, expropriés. Propriété interdite est un film qui s'attache à faire tomber les mythologies UMP, et qui y parvient. D'ailleurs, tout est dans le titre : Hélène Angel déclare haut et fort que ces choses-là (la Rolex, les sans-papiers) n'appartiennent pas à la droite.

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