Morgen est un film très sage, drôle mais jamais hilarant, touchant mais se gardant bien d'être bouleversant, moral mais pas définitif. On y voit un homme un peu gros passionné par la pêche recueillir un clandestin plus par lâcheté que par courage politique. Le film est en effet l'histoire d'un héroïsme ordinaire, un héroïsme de circonstance, plus proche du trébuchement que du choix cornélien. Tout y est minimisé : la loi, la haine, le destin - tout cela n'est rien. Ce qui compte, c'est l'amitié naissante entre les deux hommes. Le Roumain a trouvé chez ce Turc un animal de compagnie parfait, qui ne parle pas sa langue, mais qui épluche les patates, coupe le bois, pose les tuiles sur le toit, et le divertit de sa râleuse de femme.
Morgen ne serait pas un film très singulier si le cinéaste n'avait ce goût de l'aube. Il multiplie les scènes au petit matin, scènes dans la brume, scènes en ombres chinoises face au soleil levant, scènes dans le rose d'une lumière naissante. Si bien que le film, au-delà de son histoire, devient une étude de la lumière et de ses variations, dans un même paysage et à un moment précis d'une journée. Ces aubes ne sont pas métaphoriques, ni même esthétiques - elles sont là : le récit nous y conduit par évidence.
samedi 5 février 2011
Morgen - Marian Crisan
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