Comment savoir ? Comment savoir ce qui dans ce film nous passionne ? Comment savoir si c’est le cinéma, ou bien notre tendance à aimer les histoires, qui nous pousse à apprécier ce film ?
Formellement, rien : lumière sirop, musique libidineuse ne cessant de frotter sa jambe gainée aux fesses poilues des émotions que le scénario dessine déjà clairement, avalanche de gros plans et grimaces signifiantes, petites laideurs disséminées ici et là qui font comme l’embouchure d’un fleuve où l’on verrait flotter les reliques moisies d’une civilisation. Car ce film a l’air d’être abandonné. Un palais (le scénario luxueux, précis, riche, superbe) que la mise en scène aurait déserté, mais dans lequel traîneraient encore quelques acteurs pas certains que la caméra tourne (Jack Nicholson en premier lieu, tantôt génial, mais presque par hasard, tantôt complètement à côté de la plaque) – exception faite d’Owen Wilson et de Kathryn Hahn, qui profitent de la désertion du film par le metteur en scène pour imposer leur règne hors-norme.
Question qui ne changerait rien au film mais qu’on peut se permettre de se poser tant la réponse semble chargée de sens :
pourquoi la coach de Reese Witherspoon n’est-elle pas ouvertement lesbienne ?
Réponse chargée de sens :
parce que le film s’adresse à tout le monde.
Question vicieuse :
qu’est-ce que « tout le monde » ?
Réponse dégoûtante donnée par le film :
une bande d’idiots assujettis aux conventions télévisuelles, en quête d’un divertissement intelligent mais normatif.
Si Reese Witherspoon incarne une sportive, c’est parce qu’elle a une connaissance et une maîtrise parfaites des muscles de son visage, qu’elle contracte ou détend indépendamment les uns des autres de sorte à toujours mettre en place un masque que l’imbécile le plus revêche à toute forme de compréhension saura décrypter et relier aux grands axes de l’histoire qui lui est contée.
Où l’on parle de classicisme hollywoodien (Lubitsch, Leo Mac Carey, Billy Wilder sont les noms cités à propos de Comment savoir), je ne vois qu’une armature télévisuelle cadavérique égalant les meilleurs épisodes de Sex and the city. Où l’on parle de discrétion, je vois au contraire une grosse machine épuisante de fabrication d’un sens déjà donné – machine à redoubler, donc.
Malgré tout, oui, c’est une belle histoire, avec laquelle on peut rêver. Une femme doit choisir. Entre un homme ou un autre. Le premier homme est un enfant qui fait le choix de grandir. Le deuxième est un fils qui fait celui d’aimer et d’aller au bout de cet amour. La femme est une grande fille qui semble être devenue grande toute seule et qui se rend soudain compte, à la suite d’une déception professionnelle, des lambeaux d’enfance qui lui restent, du masque d’adulte qui commence à s’effriter.
Film placé sous la figure du double : Paul Rudd est trop semblable à Reese Witherspoon pour qu’il lui plaise du premier coup (ses fêlures lui sautent à la figure au premier rendez-vous), Owen Wilson fait le même métier qu’elle mais n’a rien à voir avec elle (et sa différence l’excite absolument, elle qui veut changer de vie, et d’esprit, et de façon de parler).
Au chevet de Kathryn Hahn qui vient d’accoucher, son ami la demande en mariage. Paul Rudd était censé les filmer. Mais il n’a pas appuyé sur le bon bouton. Il faut recommencer. Redire chaque phrase, aidé par ceux qui dans la pièce étaient présents, pour retrouver le sillon de l’émotion qui était née. Et cette demande en mariage réitérée, n’est plus une histoire isolée, mais se propage, dans la bouche de ceux qui tentent de la reconstituer (Paul Rudd et Reese Witherspoon, donc). Double perspective enfin : Reese Witherspoon, dont la scène de demande en mariage dans Walk the line avec Joaquin Phoenix nous avait fait verser quelques larmes, se retrouve ici spectatrice d’une telle scène.
Beau comme le monde se met à l’unisson des sentiments et existences des héros : qu’il s’agisse d’un portier tireur de ficelles, ou d’un bus qui vient trop vite puis consent à s’arrêter plus longtemps que prévu pour laisser l’histoire de deux individus prendre une autre tournure, tout le monde s’y met, tout le monde célèbre cette comédie qui prend petit à petit autant d’importance que de légèreté.
Formellement, rien : lumière sirop, musique libidineuse ne cessant de frotter sa jambe gainée aux fesses poilues des émotions que le scénario dessine déjà clairement, avalanche de gros plans et grimaces signifiantes, petites laideurs disséminées ici et là qui font comme l’embouchure d’un fleuve où l’on verrait flotter les reliques moisies d’une civilisation. Car ce film a l’air d’être abandonné. Un palais (le scénario luxueux, précis, riche, superbe) que la mise en scène aurait déserté, mais dans lequel traîneraient encore quelques acteurs pas certains que la caméra tourne (Jack Nicholson en premier lieu, tantôt génial, mais presque par hasard, tantôt complètement à côté de la plaque) – exception faite d’Owen Wilson et de Kathryn Hahn, qui profitent de la désertion du film par le metteur en scène pour imposer leur règne hors-norme.
Question qui ne changerait rien au film mais qu’on peut se permettre de se poser tant la réponse semble chargée de sens :
pourquoi la coach de Reese Witherspoon n’est-elle pas ouvertement lesbienne ?
Réponse chargée de sens :
parce que le film s’adresse à tout le monde.
Question vicieuse :
qu’est-ce que « tout le monde » ?
Réponse dégoûtante donnée par le film :
une bande d’idiots assujettis aux conventions télévisuelles, en quête d’un divertissement intelligent mais normatif.
Si Reese Witherspoon incarne une sportive, c’est parce qu’elle a une connaissance et une maîtrise parfaites des muscles de son visage, qu’elle contracte ou détend indépendamment les uns des autres de sorte à toujours mettre en place un masque que l’imbécile le plus revêche à toute forme de compréhension saura décrypter et relier aux grands axes de l’histoire qui lui est contée.
Où l’on parle de classicisme hollywoodien (Lubitsch, Leo Mac Carey, Billy Wilder sont les noms cités à propos de Comment savoir), je ne vois qu’une armature télévisuelle cadavérique égalant les meilleurs épisodes de Sex and the city. Où l’on parle de discrétion, je vois au contraire une grosse machine épuisante de fabrication d’un sens déjà donné – machine à redoubler, donc.
Malgré tout, oui, c’est une belle histoire, avec laquelle on peut rêver. Une femme doit choisir. Entre un homme ou un autre. Le premier homme est un enfant qui fait le choix de grandir. Le deuxième est un fils qui fait celui d’aimer et d’aller au bout de cet amour. La femme est une grande fille qui semble être devenue grande toute seule et qui se rend soudain compte, à la suite d’une déception professionnelle, des lambeaux d’enfance qui lui restent, du masque d’adulte qui commence à s’effriter.
Film placé sous la figure du double : Paul Rudd est trop semblable à Reese Witherspoon pour qu’il lui plaise du premier coup (ses fêlures lui sautent à la figure au premier rendez-vous), Owen Wilson fait le même métier qu’elle mais n’a rien à voir avec elle (et sa différence l’excite absolument, elle qui veut changer de vie, et d’esprit, et de façon de parler).
Au chevet de Kathryn Hahn qui vient d’accoucher, son ami la demande en mariage. Paul Rudd était censé les filmer. Mais il n’a pas appuyé sur le bon bouton. Il faut recommencer. Redire chaque phrase, aidé par ceux qui dans la pièce étaient présents, pour retrouver le sillon de l’émotion qui était née. Et cette demande en mariage réitérée, n’est plus une histoire isolée, mais se propage, dans la bouche de ceux qui tentent de la reconstituer (Paul Rudd et Reese Witherspoon, donc). Double perspective enfin : Reese Witherspoon, dont la scène de demande en mariage dans Walk the line avec Joaquin Phoenix nous avait fait verser quelques larmes, se retrouve ici spectatrice d’une telle scène.
Beau comme le monde se met à l’unisson des sentiments et existences des héros : qu’il s’agisse d’un portier tireur de ficelles, ou d’un bus qui vient trop vite puis consent à s’arrêter plus longtemps que prévu pour laisser l’histoire de deux individus prendre une autre tournure, tout le monde s’y met, tout le monde célèbre cette comédie qui prend petit à petit autant d’importance que de légèreté.
2 commentaires:
Je vous lis depuis deux semaines.
Merci.
Mais je vous en prie ! merci à vous.
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