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Car c'est un film retors, magnifiquement construit, avec une première partie où le père occupe tout l'espace, et une seconde, assez bouleversante, où c'est le même espace qui est filmé, sans le père, avec les satellites délaissés. Malheureusement, ça ne tient pas. Mia Hansen-Love n'assume peut-être pas assez d'avoir réalisé un film de scénario, et les enjeux de son histoire s'étirent au point de se perdre dans des scènes où le temps se dillue (on opposera ainsi les scènes magnifiques où les filles de Grégoire vont au cinéma voir les films qu'il a produit, à celles entre Clémence et le jeune cinéaste prénommé Arthur, où le scénario ne cesse de hurler "la vie continue !").
Mon enthousiasme finit de s'effondrer sur une phrase : "Je me sens française d'âme". C'est ce que réplique Clémence à sa mère italienne. En plein 'débat' sur l'identité nationale, écrire une telle ligne de dialogue sans la préciser, la laisser passer dans un scénario, puis dans la mise en scène, et enfin au montage, relève de l'aveuglement (et certainement pas du pied de nez). C'est qu'il y a chez Mia Hansen-Love une fâcheuse tendance à vouloir saisir l'air du temps - au risque de lui ressembler. On est toujours à deux doigts de l'ineptie - on y bascule parfois. C'est dommage, parce que cette cinéaste est une formidable conteuse (l'équivalent parisien de Sandrine Veysset, disons).
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