Il y a dans Le père de mes enfants un problème de point de vue. Qu'on lie ou non le personnage du cinéaste suédois à Bela Tarr, que nous dit-on de lui ? Qu'il boit, qu'il est capricieux, qu'il tourne quand ça lui chante, que c'est un artiste, qu'il fait pleurer ses acteurs, qu'il ne leur donne aucune ligne de dialogue. Cela s'appelle une somme de clichés. Pire: ce sont des clichés de droite. C'est le regard que porte Le Figaro sur Bela Tarr et ses films (le fameux : "il ne s'y passe rien" - et même sur le tournage !). C'est donc un personnage raté - tellement raté qu'on peut avec une facilité incroyable le rendre coupable du suicide de Grégoire (alias Humbert Balsan, qui produisait L'homme de Londres, sans doute le moins bon film de Bela Tarr). Le film s'inspirant d'un fait récent, touchant des personnes encore vivantes, on peut trouver le ton de Mia Hansen-Love plutôt lourd, voire mesquin. Mais la seconde partie efface tout.
Car c'est un film retors, magnifiquement construit, avec une première partie où le père occupe tout l'espace, et une seconde, assez bouleversante, où c'est le même espace qui est filmé, sans le père, avec les satellites délaissés. Malheureusement, ça ne tient pas. Mia Hansen-Love n'assume peut-être pas assez d'avoir réalisé un film de scénario, et les enjeux de son histoire s'étirent au point de se perdre dans des scènes où le temps se dillue (on opposera ainsi les scènes magnifiques où les filles de Grégoire vont au cinéma voir les films qu'il a produit, à celles entre Clémence et le jeune cinéaste prénommé Arthur, où le scénario ne cesse de hurler "la vie continue !").
Mon enthousiasme finit de s'effondrer sur une phrase : "Je me sens française d'âme". C'est ce que réplique Clémence à sa mère italienne. En plein 'débat' sur l'identité nationale, écrire une telle ligne de dialogue sans la préciser, la laisser passer dans un scénario, puis dans la mise en scène, et enfin au montage, relève de l'aveuglement (et certainement pas du pied de nez). C'est qu'il y a chez Mia Hansen-Love une fâcheuse tendance à vouloir saisir l'air du temps - au risque de lui ressembler. On est toujours à deux doigts de l'ineptie - on y bascule parfois. C'est dommage, parce que cette cinéaste est une formidable conteuse (l'équivalent parisien de Sandrine Veysset, disons).
Car c'est un film retors, magnifiquement construit, avec une première partie où le père occupe tout l'espace, et une seconde, assez bouleversante, où c'est le même espace qui est filmé, sans le père, avec les satellites délaissés. Malheureusement, ça ne tient pas. Mia Hansen-Love n'assume peut-être pas assez d'avoir réalisé un film de scénario, et les enjeux de son histoire s'étirent au point de se perdre dans des scènes où le temps se dillue (on opposera ainsi les scènes magnifiques où les filles de Grégoire vont au cinéma voir les films qu'il a produit, à celles entre Clémence et le jeune cinéaste prénommé Arthur, où le scénario ne cesse de hurler "la vie continue !").
Mon enthousiasme finit de s'effondrer sur une phrase : "Je me sens française d'âme". C'est ce que réplique Clémence à sa mère italienne. En plein 'débat' sur l'identité nationale, écrire une telle ligne de dialogue sans la préciser, la laisser passer dans un scénario, puis dans la mise en scène, et enfin au montage, relève de l'aveuglement (et certainement pas du pied de nez). C'est qu'il y a chez Mia Hansen-Love une fâcheuse tendance à vouloir saisir l'air du temps - au risque de lui ressembler. On est toujours à deux doigts de l'ineptie - on y bascule parfois. C'est dommage, parce que cette cinéaste est une formidable conteuse (l'équivalent parisien de Sandrine Veysset, disons).
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