Il y a quelque chose d'assez troublant à voir un film de John Ford qui se passe sur l'océan (Pacifique, au moment de Pearl Harbour). On a la sensation qu'il manque quelque chose. L'océan serait comme un cheval très large qui rendrait la terre invisible et inaccessible. Les héros (dont John Wayne) ne peuvent jamais descendre de ce cheval, n'en ont même pas l'espoir. Bien sûr, il y a les revues de troupes, les bals et les chansons pour se sentir un peu vivant. Mais c'est une existence latente, embryonnaire, fantomatique - l'errance semble sans solution.
C'est un film absolument déceptif, qui désamorce action après action. Vraiment, il ne s'y passe rien. Et quand il doit se passer quelque chose, cette chose est esquivée. Une mission qui réjouit John Wayne ? il ne peut y participer, à cause d'une septicémie. C'est la déveine. Le sentiment de ne pas être tout à fait un homme, pas encore, d'avoir des choses à accomplir avant ça, et de ne jamais pouvoir les atteindre.
Dans Les sacrifiés (dans la première partie surtout – car, ensuite, le film se délite un peu), on voit des groupes d'humains, dont l’énergie et le courage sont bridés, jouer quand même le jeu de l'existence. Ainsi la scène du dîner, où les chanteurs sont cachés sous la maison, et où les visages des convives sont pris dans la musique, mais sans appui possible pour leur regard : il y a un malaise, et en même temps un bonheur. C'est la seule façon de tenir : on organise un dîner pour John Wayne amoureux d'une infirmière, on rend visite à l'ami resté à l'hôpital, on improvise un enterrement sans pasteur pour le cuistot qui aimait la poésie. On pleure beaucoup (même John Wayne pleure brutalement), et on se dit que ce n'est pas pour cette vie-là, qu'il y en aura d'autres, que pour l'instant il s'agit de faire au mieux.
C'est un film absolument déceptif, qui désamorce action après action. Vraiment, il ne s'y passe rien. Et quand il doit se passer quelque chose, cette chose est esquivée. Une mission qui réjouit John Wayne ? il ne peut y participer, à cause d'une septicémie. C'est la déveine. Le sentiment de ne pas être tout à fait un homme, pas encore, d'avoir des choses à accomplir avant ça, et de ne jamais pouvoir les atteindre.
Dans Les sacrifiés (dans la première partie surtout – car, ensuite, le film se délite un peu), on voit des groupes d'humains, dont l’énergie et le courage sont bridés, jouer quand même le jeu de l'existence. Ainsi la scène du dîner, où les chanteurs sont cachés sous la maison, et où les visages des convives sont pris dans la musique, mais sans appui possible pour leur regard : il y a un malaise, et en même temps un bonheur. C'est la seule façon de tenir : on organise un dîner pour John Wayne amoureux d'une infirmière, on rend visite à l'ami resté à l'hôpital, on improvise un enterrement sans pasteur pour le cuistot qui aimait la poésie. On pleure beaucoup (même John Wayne pleure brutalement), et on se dit que ce n'est pas pour cette vie-là, qu'il y en aura d'autres, que pour l'instant il s'agit de faire au mieux.
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