Il y a dix ans était sorti le très beau Faisan d'or, film à la fois contemplatif et naïf, dont je garde le souvenir d'une séquence merveilleuse, très longue, où le cinéaste filmait le coucher de soleil à travers la vitre d'un train émergeant des montagnes pour parcourir la steppe kirghize. Le récit, très simple, proche d'un conte, s'arrêtait parfois pour offrir quelques bouffées contemplatives de ce genre.
Depuis, on n'avait pas eu de nouvelles de Marat Sarulu. Son nouveau film sort dans une seule salle à Paris.
Le chant des mers du sud est gorgé de tristesse. Cette tristesse est la question posée aux quelques existences qui nous sont présentées. Elle est la raison de tout, de l'amour, de la fuite, de la difficulté à s'inscrire en un lieu.
Le film s'ouvre sur une naissance. Un désastre : l'enfant ne ressemble pas à son père. D'où vient-il ? Le voisin est suspecté. Puis le père lui-même, ses origines floues.
Devenu adolescent, le fils s'enfuit à cheval dans la montagne et ne revient pas. Le père s'enfonce dans sa tristesse, jusqu'à ce qu'un accès de colère le fasse fuir à son tour, en side-car, en quête d'une histoire qui pourrait être la sienne. Pas seulement : cette histoire est aussi celle du Kazakhstan.
On dirait un film de Philippe Garrel (j'ai pensé au Vent de la Nuit). En un plan de quelques secondes, Marat Sarulu sait condenser l'essence d'un personnage, d'une vie, d'un lieu. A ces plans fulgurants se mêlent des conversations à la fois concrètes et fantomatiques (des voix qui valent autant pour les informations qu'elles divulguent que pour leur pouvoir de consolation), et des séquences détachées de l'ensemble, qui sont comme des appels d'air, la reprise d'une respiration. Il y a des plans qui sont comme des cailloux, et d'autres comme un fleuve. La tristesse constitutive du film, sans disparaître, se change en tendresse, puis redevient tristesse. Elle se centre.
On pourra reprocher au film ses ressorts scénaristiques un peu lourds, des pistes trop peu explorées, une narration lacunaire, mais c'est une manière d'aller directement au coeur des choses. Comme dans un geste d'abstraction, le cinéaste se détache d'une fiction qu'il semble retenir à l'intérieur de lui.
Depuis, on n'avait pas eu de nouvelles de Marat Sarulu. Son nouveau film sort dans une seule salle à Paris.
Le chant des mers du sud est gorgé de tristesse. Cette tristesse est la question posée aux quelques existences qui nous sont présentées. Elle est la raison de tout, de l'amour, de la fuite, de la difficulté à s'inscrire en un lieu.
Le film s'ouvre sur une naissance. Un désastre : l'enfant ne ressemble pas à son père. D'où vient-il ? Le voisin est suspecté. Puis le père lui-même, ses origines floues.
Devenu adolescent, le fils s'enfuit à cheval dans la montagne et ne revient pas. Le père s'enfonce dans sa tristesse, jusqu'à ce qu'un accès de colère le fasse fuir à son tour, en side-car, en quête d'une histoire qui pourrait être la sienne. Pas seulement : cette histoire est aussi celle du Kazakhstan.
On dirait un film de Philippe Garrel (j'ai pensé au Vent de la Nuit). En un plan de quelques secondes, Marat Sarulu sait condenser l'essence d'un personnage, d'une vie, d'un lieu. A ces plans fulgurants se mêlent des conversations à la fois concrètes et fantomatiques (des voix qui valent autant pour les informations qu'elles divulguent que pour leur pouvoir de consolation), et des séquences détachées de l'ensemble, qui sont comme des appels d'air, la reprise d'une respiration. Il y a des plans qui sont comme des cailloux, et d'autres comme un fleuve. La tristesse constitutive du film, sans disparaître, se change en tendresse, puis redevient tristesse. Elle se centre.
On pourra reprocher au film ses ressorts scénaristiques un peu lourds, des pistes trop peu explorées, une narration lacunaire, mais c'est une manière d'aller directement au coeur des choses. Comme dans un geste d'abstraction, le cinéaste se détache d'une fiction qu'il semble retenir à l'intérieur de lui.
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