Pas de quoi crier au scandale, Les trois singes n'est pas un film indigne. Une narration un peu lâche, et surtout une recolorisation épouvantable font du nouveau Ceylan un film mineur.
Quelques pistes sur cette couleur : d'abord, l'idée de la matière. Désaturées, les couleurs jouent sur les bruns, les ocres, les verts, et toutes ces teintes composées avec le suffixe -âtre (jaunâtre, par exemple). Ceylan voudrait nous faire croire à une image-terre, épaisse, chargée d'une mémoire et d'un temps - comme si le monde absorbait les histoires des hommes, s'en imprégnait. Une image-terre et des visages-montagnes. Au risque d'un certain statisme esthétique.
Il y a toujours beaucoup de météo chez Ceylan - ici, c'est presque un cliché : avis de tempête en plein drame conjugal, pluie salvatrice au final, etc... Du monde organique, on passe subrepticement au monde symbolique - les intentions sont plus lourdement volontaires, et il y a quand même beaucoup de naïveté dans cette façon de croire que le monde répond aux hommes.
Ca a aussi quelque chose à voir avec la DV. Qu'on le veuille ou non, la pellicule donnait à l'image une matière que le numérique occulte. La dv déréalise en créant des effets de sur-réalité. La lumière est soit violente, soit douce. En un sens, l'image numérique est plus manichéenne. Et Ceylan, qui joue sur cette limite du regard cynique/compassionnel (ni l'un ni l'autre, en fait), se retrouve ici piégé, accusant/accusé, par l'effet de redite.
Par contre, ce qu'il n'a pas perdu, c'est l'art de composer un cadre. Lui manque peut-être un peu d'ivresse dans la narration. Soit vraiment narrer, soit vraiment abstraire - il joue, dans Les trois singes, sur un entredeux un peu mollasson. Mais bon, c'est le plus mauvais film de Ceylan qu'il m'ait été donné de voir, et c'est quand même quelque chose.
Ce qui m'a le plus touché, là, c'est le rapport de Ceylan au sommeil. Je n'ai jamais vu des corps dormir comme ça. Et cet état, un peu permanent, de léthargie. Et le premier plan sur cet homme qui conduit dans la nuit et essaie de garder les yeux ouverts.
Quelques pistes sur cette couleur : d'abord, l'idée de la matière. Désaturées, les couleurs jouent sur les bruns, les ocres, les verts, et toutes ces teintes composées avec le suffixe -âtre (jaunâtre, par exemple). Ceylan voudrait nous faire croire à une image-terre, épaisse, chargée d'une mémoire et d'un temps - comme si le monde absorbait les histoires des hommes, s'en imprégnait. Une image-terre et des visages-montagnes. Au risque d'un certain statisme esthétique.
Il y a toujours beaucoup de météo chez Ceylan - ici, c'est presque un cliché : avis de tempête en plein drame conjugal, pluie salvatrice au final, etc... Du monde organique, on passe subrepticement au monde symbolique - les intentions sont plus lourdement volontaires, et il y a quand même beaucoup de naïveté dans cette façon de croire que le monde répond aux hommes.
Ca a aussi quelque chose à voir avec la DV. Qu'on le veuille ou non, la pellicule donnait à l'image une matière que le numérique occulte. La dv déréalise en créant des effets de sur-réalité. La lumière est soit violente, soit douce. En un sens, l'image numérique est plus manichéenne. Et Ceylan, qui joue sur cette limite du regard cynique/compassionnel (ni l'un ni l'autre, en fait), se retrouve ici piégé, accusant/accusé, par l'effet de redite.
Par contre, ce qu'il n'a pas perdu, c'est l'art de composer un cadre. Lui manque peut-être un peu d'ivresse dans la narration. Soit vraiment narrer, soit vraiment abstraire - il joue, dans Les trois singes, sur un entredeux un peu mollasson. Mais bon, c'est le plus mauvais film de Ceylan qu'il m'ait été donné de voir, et c'est quand même quelque chose.
Ce qui m'a le plus touché, là, c'est le rapport de Ceylan au sommeil. Je n'ai jamais vu des corps dormir comme ça. Et cet état, un peu permanent, de léthargie. Et le premier plan sur cet homme qui conduit dans la nuit et essaie de garder les yeux ouverts.
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