Ca commence par un meurtre. Deux tueurs à gages entrent dans un institut pour aveugles et tirent sur le professeur de mécanique. Les deux tueurs à gages repartent, troublés : le professeur de mécanique n'a pas bougé, il n'avait pas peur de mourir. Alors ils cherchent à savoir pourquoi. Ils fouillent dans son passé et tombent sur 1 million de dollars dérobé dans un fourgon postal, une femme fatale, un meilleur ami délaissé, et des courses de voitures. L'histoire de l'homme est racontée par trois personnes différentes, Rashomon noir et flamboyant, enquête métaphysique : comment se fait-il qu'un homme accepte de mourir si facilement ?
C'est un film brillant, l'histoire d'une passion - mais aussi et surtout l'histoire d'une mécanique. Mécanique d'épuisement des forces vitales d'un homme. Tout est question de machines, d'organisation (la machine-monde pourrait-on dire) : l'institut pour aveugles, dont nous voyons tous les couloirs, toute la hiérarchie ; la piste de course automobile, et Don Siegel nous invite à suivre une course à sa façon sèche et palpitante ; le hold-up, méticuleusement préparé, dont nous connaissons tous les détails ; le contre-hold-up, le contre-contre-hold-up : c'est sans fin, le scénario est impitoyable, l'accablement total.
Une femme est à l'origine de ça. Elle est belle, riche, et adore les hommes qui roulent vite. Il roule vite mais il est pauvre, il se demande pourquoi elle l'aime, et comprend qu'il y a un autre homme dans sa vie. Première rupture. Elle revient à la charge. Puisque l'amour naïf est épuisé, puisqu'elle ne peut plus lui demander de l'aimer aveuglément, elle lui demande de la suivre dans un hold-up : déclaration magnifique. Quoi de plus beau qu'une femme qui dit : chéri, braquons ce fourgon postal ?
Don Siegel est un cinéaste de la paranoïa. Son délire se porte sur toutes choses, tout être, tout microcosme. Tout est nuisible à ceux qui ont un coeur. Le monde est plein de Body Snatchers, de faux semblants contre lesquels il faut lutter au risque de se laisser mourir. Son regard est absolument désenchanté, et pourtant il nous laisse croire au bonheur qu'il filme. C'est que le bonheur existe, mais il ne dure pas - très vite il se renverse et devient fatal. Il n'y a pas de cynisme, mais au contraire un romantisme vibrant, terrible, destructeur. Les deux tueurs à gages, en même temps qu'ils, dans leur errance à Miami de parole en parole, nous restituent l'histoire d'un homme, détruisent un peu mieux cet homme, détruisent son passé, les traces de ce qu'il a vécu et éprouvé. Il n'y a pas d'exemplarité chez Don Siegel, il n'y a que des erreurs, et personne n'apprend rien de ce merdier, tout le monde en crève.
C'est un film brillant, l'histoire d'une passion - mais aussi et surtout l'histoire d'une mécanique. Mécanique d'épuisement des forces vitales d'un homme. Tout est question de machines, d'organisation (la machine-monde pourrait-on dire) : l'institut pour aveugles, dont nous voyons tous les couloirs, toute la hiérarchie ; la piste de course automobile, et Don Siegel nous invite à suivre une course à sa façon sèche et palpitante ; le hold-up, méticuleusement préparé, dont nous connaissons tous les détails ; le contre-hold-up, le contre-contre-hold-up : c'est sans fin, le scénario est impitoyable, l'accablement total.
Une femme est à l'origine de ça. Elle est belle, riche, et adore les hommes qui roulent vite. Il roule vite mais il est pauvre, il se demande pourquoi elle l'aime, et comprend qu'il y a un autre homme dans sa vie. Première rupture. Elle revient à la charge. Puisque l'amour naïf est épuisé, puisqu'elle ne peut plus lui demander de l'aimer aveuglément, elle lui demande de la suivre dans un hold-up : déclaration magnifique. Quoi de plus beau qu'une femme qui dit : chéri, braquons ce fourgon postal ?
Don Siegel est un cinéaste de la paranoïa. Son délire se porte sur toutes choses, tout être, tout microcosme. Tout est nuisible à ceux qui ont un coeur. Le monde est plein de Body Snatchers, de faux semblants contre lesquels il faut lutter au risque de se laisser mourir. Son regard est absolument désenchanté, et pourtant il nous laisse croire au bonheur qu'il filme. C'est que le bonheur existe, mais il ne dure pas - très vite il se renverse et devient fatal. Il n'y a pas de cynisme, mais au contraire un romantisme vibrant, terrible, destructeur. Les deux tueurs à gages, en même temps qu'ils, dans leur errance à Miami de parole en parole, nous restituent l'histoire d'un homme, détruisent un peu mieux cet homme, détruisent son passé, les traces de ce qu'il a vécu et éprouvé. Il n'y a pas d'exemplarité chez Don Siegel, il n'y a que des erreurs, et personne n'apprend rien de ce merdier, tout le monde en crève.
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