dimanche 8 novembre 2009

Nachmittag - Angela Schanelec

Le premier plan : une scène de théâtre, un rideau mécanique s'ouvrant avec fracas, un chien, une actrice avec un sac. L'actrice appelle l'accessoiriste - pour jouer, elle veut enlever sa bague (c'est un joli détail - Schanelec prête beaucoup d'attention à ce genre de détails, qui rendent ses scènes douces plus que réalistes, qui créent du romanesque sans histoire). Elle va pour caresser le chien - on change de plan et d'espace : c'est un paysage, c'est un lac, il y a du soleil. On a l'impression que le chien contenait ce lac, et que la caresse de l'actrice l'a fait apparaître. On est dans le rêve du chien. J'aime passionnément ce début, le reste moins.
Schanelec a voulu adapter
La mouette de Tchekhov, et bizarrement, Marseille était plus tchekhovien. Elle a l'intelligence de ne pas insister sur la transposition au contemporain - c'est là, c'est une donnée. Tout a été plutôt finement réécrit, les dialogues sont beaux, les personnages sont fidèles à la pièce sans l'être vraiment. C'est parfait, mais dans le filmage, on ne retrouve pas la magie de Marseille. Les événements sont plus 'séparés', alors qu'ils étaient si fluides. Il y a plus de lourdeur aussi, alors que Marseille n'avait que de la fragilité. Les plans s'apesantissent - certains semblent s'écrouler.
J'ai eu cette étrange impression : Schanelec a essayé de ne pas dire ce que la pièce déjà ne disait pas. Il y a peut-être quelque chose de trop confortable dans le fait d'adapter Tchekhov et de le mettre en sourdine.

Ce qui est beau dans le film, c'est le personnage de Nina. Sa demande d'amour si intense, sa façon de circuler autour de Treplev, de passer du temps avec lui, de se remplir de son amour en même temps que son identité se creuse et dépérit, d'être attentive au moindre signe, de capturer son attention. Ce que Schanelec a réussi, c'est la magnifique intranquillité de Nina. On se souvient d'elle - mais le film n'est pas complètement à son image.

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